blackbirdan online journal of literature and the artsFall 2010  Vol. 9  No. 2
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PATRICE DE LA TOUR DU PIN

Psaume 31

Celui qui voulait trop comprendre,
tu l’as frappé sans cesse au sens d’être compris:
pour un Seigneur, tu rabats fort quand tu commandes!

Il ne te défiait pas avec l’intelligence,
il ne faisait que te tendre ses branches:
tu pèses lourd pour un Dieu de lumière!

Tu n’as pas foudroyé sa tête,
mais crevé le sol sous ses pieds:
ah ! tu veux qu’il déchante ! as-tu gagné?

Je t’avais réservé pourtant toute altitude,
je ne me dressais pas au vide, mais vers toi:
as-tu gagné, Seigneur, à ce jeu-là?

La vie cherche l’essor et non pas le décours;
mon Dieu vivant, n’aurais-tu pas perdu?
et qui rira lorsque ma foi n’en pourra plus?

Mais l’homme trop rétif à sortir de lui-même,
tu l’y enfonces comme un oiseau,
qu’il aille débrider la plaie de son baptême.

Par les veines et non les artères,
vers la terre promise au-dessous de ses terres,
le désert et le cœur des eaux.

Et tout au long, ton rire à la place du ciel:
que l’oiseau migrateur s’abatte enfin sur elles,
que l’arbre se retourne enfin!

Seigneur, seul Appelant à la vocation d’homme,
aie pitié de ce nom que mes lèvres te forment,
et ne m’appelle plus de mon nom, mais du tien!  end


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